samedi 27 août 2011

AVANT QUE JACK LAYTON DISPARAISSE À JAMAIS, LES QUÉBÉCOIS AURONT SAISI L'OPPORTUNITÉ DE LUI DIRE QU'ILS L'AIMAIENT...

«La justice sociale se fonde sur l'espoir, sur l'exaltation d'un pays, non sur les pantoufles.» - Charles de Gaulle.

Ces jours derniers à Ottawa et à Toronto, impressionnantes et touchantes ont été les démonstrations d'amour et de reconnaissance du peuple canadien à l'endroit du défunt chef du NPD Jack Layton. Heureusement, pour leur part, les Québécois n'ont pas attendu la mort du leader néo-démocrate pour reconnaître sa valeur, lui témoigner leur affection et leur confiance. En élisant 59 de ses candidats à l'élection du 2 mai dernier, les gens de sa province natale ont récompensé ses efforts en accueillant favorablement son message et ses propositions d'avenir. À travers un océan de cynisme et de désillusion envers la politique et les politiciens, le peuple québécois a vu en cet homme qui savait être prêt d'eux et de leurs préoccupations, une exception à qui ils ont voulu donné une chance de faire ce qu'il promettait : «un meilleur pays, un pays plus juste et équitable.» Un pays où les aînés, les malades, les plus faibles et les plus pauvres ne seraient pas laissés pour compte. Un pays où on s'assurerait de mieux répartir la richesse entre ses habitants. Un pays plus soucieux de la qualité de son environnement et de sa responsabilité de servir d'exemple pour l'ensemble des humains qui peuplent la planète terre.



Vous ne pouvez pas prôner de telles valeurs ou demander à vos concitoyens de vous suivre pour atteindre de pareils objectifs sans incarner vous-même ce que vous prêchez. Descendant d'un des Pères de la Confédération canadienne, né dans une famille où on est politicien de père en fils, possédant un charisme assez rare, Jack Layton était destiné à la carrière qu'il a connue. Comme trop de gens qui exercent le même métier que lui, il aurait pu se servir de ses talents de communicateur pour tromper ou leurrer les électeurs, leur faire de fausses promesses. Des adversaires et des caricaturistes se sont bien moqués de son idéalisme simpliste, de son jovialisme naïf, de ses idées nobles mais teintées de rêve et d'irréalisme, de son incapacité à être pris au sérieux par la population. Mais le "bon Jack" a persévéré et il est parvenu à convaincre une partie considérable de la population canadienne du bien-fondé de ses propositions, de la faisabilité des projets du NPD. Tout le programme du parti orange n'étant après tout, qu'une redéfinition des priorités socio-économiques et un nouveau partage des ressources.




Le sort aura voulu que son célèbre sourire et son éternel optimisme soient mis à rude épreuve par la maladie dans les dernières années de sa vie. Entouré d'amour par ses proches, supporté par ses amis et ses partisans, Layton a fait face vigoureusement à l'adversité, sans se plaindre, discrètement, en démontrant un courage admirable, une ténacité incroyable et une foi intarissable en l'avenir. Comme pendant toute sa vie, il a tenu le gouvernail du vaisseau de ses convictions, d'une main ferme, jusqu'à la fin... Que faut-il de plus pour inspirer toute une nation, pour stimuler passionnément l'espoir de la jeunesse du pays, et pour inciter les Canadiens d'un océan à l'autre à mettre de côté leur cynisme et leur passivité afin de croire qu'ils peuvent changer le monde par leur vote et leurs actions, s'ils le veulent vraiment ?


«Je ne connais pas d'autres marques de supériorité que la bonté.» - Ludwig van Beethoven.


Suit un diaporama sur la vie du "bon Jack", accompagné de la musique du groupe Alabama qui chante GOODBYE...




mercredi 27 avril 2011

ÉLECTIONS FÉDÉRALES 2011 : SEUL LAYTON PEUT PRÉTENDRE INCARNER UN RENOUVEAU OU UN CHANGEMENT RÉEL



Jack Layton et le NPD sont en hausse dans les sondages à la veille de l'élection générale du 2 mai au Canada. Pourtant, les récents problèmes de santé du chef des Néo-Démocrates faisaient en sorte que c'est cette formation politique qui avait le moins intérêt à faire face à un scrutin au moment présent. Les observateurs de la scène politique ne donnaient pas cher de leur peau et certains évoquaient même la quasi-disparition de ce parti aux idées gauchistes. Mais voilà, un vent de changement souffle dans quelques régions du pays, y compris au Québec. Les gens sont cyniques envers les vieux partis qu'ils jugent corrompus ou à la solde des puissances d'argent. Un bon nombre de Québécois semblent s'être lassés du Bloc et de ce que Gilles Duceppe peut leur apporter concrètement. Encore pris dans les relents de la dernière récession, les Conservateurs ne parlent que de reprise économique, d'autant plus que le Premier Ministre Harper est dans son élément quand il discourt là-dessus, puisqu'il est économiste de formation. Mais il n'y a pas que des enjeux économiques dans notre société. Les difficultés de notre système de santé, les problèmes sociaux et la qualité de notre environnement préoccupent également les Canadiens. Les Libéraux parlent du gaspillage des fonds publics et du manque d'éthique du gouvernement, mais ils ne sont guère crédibles puisque la population les associe encore au scandale des commandites. Leur chef Michael Ignatieff ne semble pas non plus passer la rampe auprès du public. Il a manifestement un problème d'image.

Le Bloc et le PLC sont vraiment en difficultés pour qu'ils jugent nécessaires de lancer un SOS à de vieux politiciens dépassés comme Jacques Parizeau et Jean Chrétien. Si, comme les Américains avec Obama aux USA, les Canadiens veulent du changement, ce n'est pas en ramenant en avant-scène de tels dinosaures que les bloquistes et les libéraux vont séduire l'électorat. Les Conservateurs ont une base électorale solide dans l'Ouest et ils pourraient même faire des gains en Ontario en raison de la faiblesse des Libéraux. C'est aussi dans ces régions que leur discours économique sera le mieux reçu parce que c'est là que le gouvernement s'est montré le plus généreux (subventions aux pétrolières et aide au redressement de l'industrie de l'automobile). Mais ailleurs, dans les coins les moins favorisés du pays, le programme du NPD, axé sur une meilleure redistribution de la richesse collective et une amélioration des mesures sociales, trouvera des partisans. Surtout après la récession que nous avons connue et qui a laissé des traces. Comme le disait Layton durant les débats télévisés plus tôt dans la campagne électorale, tout est une question de priorité, de ce que l'on fait avec l'argent des taxes et des impôts. Je crois qu'il a cogné sur le bon clou en disant que les vieux partis sont au service des grosses entreprises et des mieux nantis de notre société. Layton semble sympathique aux yeux des gens ordinaires alors que Harper et Ignatieff semblent froids et mal à l'aise en public. Le chaleureux et accessible "bon Jack" profite de ses talents de populiste pour attirer le vote de l'électorat de la classe la moins bien nantie, de même que celui de la classe moyenne.

Cela fait quand même bizarre de voir que les idées de gauche véhiculées par le NPD trouvent preneurs au moment où celles de la droite semblent si bien ancrées depuis quelques années au Canada. Peut-être que les électeurs voteront surtout pour le chef néo-démocrate sans trop connaître ses orientations politiques ou sa plate-forme électorale. Il est vrai que bien des items de son programme sont flous et difficiles à évaluer en termes de finances publiques. Mais Layton est un politicien chevronné qui, comme Obama chez nos voisins du sud, sait comment parler et comment convaincre le monde ordinaire. Surtout quand les conditions sont bonnes et que le momentum est de son bord. Son autre grand atout, c'est qu'il arrive souvent que des gens blasés et écoeurés votent bien plus contre un gouvernement que pour un nouveau parti. Au niveau national, le NPD n'a pas à défendre un bilan entaché par des scandales et des coches mal taillées puisqu'il n'a jamais été usé par le pouvoir.


L'écrivain français Jean Guéhenno (dans son livre CHANGER LA VIE) a décrit savamment ce phénomène du beau parleur qui sait séduire les masses populaires ou ses interlocuteurs : «Celui qui parle le mieux l'emporte toujours, et c'est un bien bel art que celui de savoir rendre petites les choses grandes et grandes les choses petites, de rester en toutes circonstances, le maître des définitions, et de fixer l'ordre et la règle.»

Layton et le NPD ne remporteront pas l'élection du 2 mai prochain, mais ils risquent d'en être les grands gagnants, eux qui devaient en être les grands perdants. S'ils forment l'opposition officielle à Ottawa (surtout si le gouvernement est minoritaire), je pense que ça peut enrichir la qualité des débat démocratiques à la Chambre des Communes et ça peut aussi favoriser des échanges plus constructifs pour le bien du pays et de ses habitants.