jeudi 18 juin 2009

BANDE DE SAUVAGES !

Un moment donné, vous en avez assez du stress de la ville, de ses bruits énervants, de sa pollution malodorante, de ses habitants robotisés au regard absent, de ses rues encombrées et poussiéreuses, du flot discontinu de véhicules menaçants, de l'ombre froide des hauts murs des édifices anonymes. Vous ressentez le besoin de vous évader de tout ça, de vous ressourcer dans la nature, de réapprendre à respirer, à vous décongestionner le cerveau de toutes les frustrations ou malaises accumulés en cheminant à travers les tracas ou le tralala de la vie routinière quotidienne.

Vous vous souvenez alors de ces années de bonheur d'enfance passées à la campagne ou des visites que vous y faisiez chez des parents. Et vous vous dites qu'il serait bon et salutaire d'aller en forêt pour remonter votre moral et recharger vos "piles" d'une énergie nouvelle.

Le congé du weekend est arrivé et vous vous retrouvés enfin en plein bois, en montagne, dans la nature sauvage, à suivre un charmant petit sentier. Le chant apaisant des oiseaux, d'un ruisseau qui coule à proximité et du vent qui jouent avec les feuilles des arbres vous comblent d'un sentiment de paix et de plénitude. L'odeur du tapis de mousse et des sapins embaume l'air vivifiant. Le soleil est également au rendez-vous, tout est parfait.

Mais c'était trop beau. Vous avez déjà remarqué que le sentier est dégradé par endroits et qu'il est parsemé de trous. Vous avez vu ça et là des restes de feux de camp, des sacs de plastique, des bouteilles ou des cannettes de breuvage vides. Des bruits de moteurs et de branches cassées parviennent bientôt à vos oreilles. Le charme est rompu. Même si le terrain est passablement accidenté, une bande de crétins en véhicules tout terrain fonce sur vous dans un détour du sentier. Les oiseaux et les autres animaux s'enfuient. En passant près de vous renverser, ces imbéciles chevauchant leurs engins du diable vous disent de vous tasser en ajoutant parfois quelques obscénités pour signifier que vous ne devriez pas être là.

En retournant sur vos pas, vous constatez, désolés, que le mal que vouliez fuir vous a rejoint là où vous l'attendiez le moins. Bruno Masure avait raison d'écrire : «Pourquoi ne fait-on rien pour la protection des sentiers battus ?» Avant lui, Chateaubriand avait remarqué que : «Les forêts précèdent les peuples, les déserts les suivent». Il paraît qu'en survolant le Québec on peut voir les ravages qu'ont fait les coupes à blanc dans nos forêts. On continue encore de détruire ce qui était jadis notre plus grande richesse naturelle. Bandes de sauvages !

Aucun commentaire: