L'émancipation de la femme et l'avènement du mouvement #MeToo (#MoiAussi - #balancetonporc) ont encore compliqué les choses pour ces messieurs. Ils sont perdus, ils ne savent plus comment aborder la gent féminine ni comment décoder ou prévoir leurs comportements.
Le plus délicat c'est peut-être la première étape, c'est-à-dire, quel premier regard poser sur elles ? Évidemment, la façon de regarder la femme varie selon les pays, les cultures, les moeurs, les religions, le lieu (rue, église, discothèque, tapis rouge à Hollywood, etc). Cela dépend aussi de son propre regard à elle. Est-il fuyant, absent, engageant ou indifférent ? L'habillement, l'esthétique corporelle, et la manière dont elles se présentent influenceront également ce premier coup d'oeil lancé vers elles par les représentants du sexe masculin.
Mais les hommes sont restés fondamentalement des "chasseurs" depuis la nuit des temps, et leur instinct primitif à l'égard du sexe opposé n'a pas si évolué que le laissent supposer nos sociétés modernes. L'image de la femme "trophée de chasse" n'est jamais trop loin de leurs pensées...
Les femmes accordent souvent une importance démesurée à la beauté «plastique». Le regard des hommes sur elles peut les rassurer quant à leur beauté et leur pouvoir de séduction. C'est primordial pour leur confiance en soi et leur bien-être.
Mais il y a des limites à ne pas franchir entre "regarder" et "toucher". Il y a quelques années, au Canada, une fonctionnaire du gouvernement a dénoncé un patron un peu trop "entreprenant". Elle a porté plainte auprès de l'instance gouvernementale chargée de traiter ce genre d'affaire. L'accusé a nié les allégations. Mais sur les réseaux sociaux, certains témoins ont anonymement reproché à la plaignante de s'habiller trop sexy (jupe courte) et d'avoir ainsi provoqué ce qui lui était arrivé. Ce à quoi la principale intéressée a répondu : «vous pouvez regarder mais pas toucher». Ça résume bien le problème...
L'immense vague de dénonciations -la plupart anonymes- qui a suivi l'affaire Weinstein a déchaîné les opinions et les controverses. En France, un débat a fait rage entre les féministes et un collectif de femmes (comprenant Catherine Deneuve, Brigitte Lahaie et Catherine Millet) condamnant cette campagne de délations empreinte d'un "puritanisme" excessif.
Dans le communiqué du collectif elles ont écrit : «Le viol est un crime. Mais la drague insistante ou maladroite n'est pas un délit, ni la galanterie une agression machiste.» (...) «Des hommes ont été sanctionnés dans l'exercice de leur métier, contraints à la démission, alors qu'ils n'ont eu pour seul tort que d'avoir touché un genou, tenté de voler un baiser, parlé de choses intimes lors d'un dîner professionnel ou d'avoir envoyé des messages à connotation sexuelle à une femme chez qui l'attirance n'était pas réciproque.»
Personnellement, je trouve ces propos étonnants. Mais je trouve la suite encore plus choquante : «Nous défendons une liberté d'importuner, indispensable à la liberté sexuelle. Nous sommes aujourd'hui suffisamment averties pour admettre que la pulsion sexuelle est par nature offensive et sauvage, mais nous sommes aussi suffisamment clairvoyantes pour ne pas confondre drague maladroite et agression sexuelle.»
Ce passage du communiqué mentionnant cette «liberté d'importuner», associée à la «liberté sexuelle» a particulièrement marqué les esprits et il a soulevé un tollé quasi général. Deneuve (photo ci-dessus) a spécialement été attaquée de toutes parts pour cette déclaration. Elle a dû nuancer cette assertion en spécifiant que la clé dans toute cette histoire, c'est l'éducation des jeunes garçons : «Le défi est de connaître la limite et de comprendre la différence entre flirter avec et dépasser la limite« (...) «Et je pense qu'il faut aussi commencer par l'école. Les garçons essayent de séduire les filles, et parfois, ils sont trop insistants, alors c'est surtout une question d'éducation.»
J'ajouterais qu'en cette matière, les parents ont aussi un rôle primordial. Dans ma famille, la consigne, autant pour les garçons que pour les filles c'était : «jeux de mains jeux de vilains». Mes parents (surtout ma mère) étaient sévères : les filles devaient être très prudentes et se faire respecter. Elles devaient avoir une sorte de radar pour détecter à l'avance toute personne qui pourrait poser sur elles un geste irrespectueux. En entendant ces directives très strictes, nous, les garçons, comprenions que ces gestes "indécents" étaient totalement défendus et inacceptables.
De quels gestes s'agissaient-ils ? Le mouvement #balancetonporc a fait une enquête à ce sujet en invitant les victimes de harcèlement sexuel à se prononcer. D'abord, 41% des personnes sondées ont affirmé avoir été harcelées. 33% ont déclaré avoir été violées et 26% ont dénoncé une agression sexuelle à leur endroit. Ça s'était passé surtout au lieu de travail ou dans la rue. Les coupables étaient des patrons ou des collègues de travail, des professeurs ou des amis
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Dans la catégorie des parties du corps touchées par les «porcs», les fesses ou le bas des reins remportaient la palme avec 60%. Les cuisses et les genoux étaient mentionnés par 22% des victimes. Les seins comptaient pour 18% des cas d'attouchements.
Ce qui est troublant c'est que la vague de dénonciations de #metoo, et compagnies, nous a permis d'apprendre ou de nous souvenir qu'à peine 5% des victimes dénoncent leur agresseur. On peut comprendre pourquoi : c'est une infime partie de ces dénonciatrices qui obtiennent justice devant les tribunaux. Encore là, les coupables ne reçoivent souvent que des sentences bonbons. Ça n'encourage pas les victimes silencieuses à dénoncer ceux qui ont sexuellement abusé d'elles.
Mais grâce aux mouvements de dénonciation, qui en appellent à la «justice sociale», ces criminels voient leur réputation ruinée et, s'ils détenaient un statut ou un pouvoir le moindrement important, ils le perdent de plus en plus, irrémédiablement...