mercredi 10 septembre 2014

DE PLUS EN PLUS D'ADOLESCENTES EN DÉTRESSE : RISQUER LA MORT POUR RESSEMBLER À MARIE MAI OU À ARIANA GRANDE...

ARIANA  GRANDE,  À GAUCHE
«On nous Claudia Schiffer
On nous Paul-Loup Sulitzer
Oh le mal qu'on peut nous faire» (...)
Foule sentimentale
On a soif d'idéal.»

- Alain Souchon, "Foule Sentimentale".


«Rétines et pupilles

Les garçons ont les yeux qui brillent
Pour ce jeu de dupes :
Voir sous les jupes des filles,
Et la vie toute entière,
Absorbés par cette affaire,
Par ce jeu de dupes,
Voir sous les jupes des filles.» (...)

«Elles, pas fières,
Sur leurs escabeaux en l'air,
Regard implorant, et ne comprenant pas tout,
Elles dans l'grave,
La faiblesse des hommes, elles savent
Que la seule chose qui tourne sur cette terre,
C'est leurs robes légères.»

- Alain Souchon, "Sous les jupes des Filles".



CLAUDIA  SCHIFFER
La semaine dernière, j'ai ri dans ma barbe (quelle barbe ?) quand j'ai pris connaissance de l'histoire des photos de nu des vedettes, volées par des pirates informatiques.  Les stars de la chanson, les mannequins à la mode, ou les actrices célèbres, victimes de ces larcins particuliers, ont réagi diversement.  Ou n'ont pas réagi du tout.  Quelques-unes de celles dont on a ainsi violé l'intimité en publiant ces clichés privés, qu'ils soient authentiques ou faux, ont semblé s'en ficher éperdument.  Il faut dire que la plupart de ces femmes-là ont déjà posé nue pour des revues.  Ou elles sont apparues dans leur plus simple appareil, dans des scènes de nu, que ce soit pour le petit ou le grand écran.  Sans parler des accidents vestimentaires, volontaires ou pas, qui nous ont déjà montrés, par le biais des appareils photo des paparazzis, toujours aux aguets, les parties les plus intimes de leur anatomie.  Certes, ceux qui épient toujours les vedettes, en quête de photographies juteuses qu'ils vendent à bons prix aux médias, ont leur responsabilité dans cette inondation de pornographie "douce" qui ne cesse de déferler sur nous.

Mais si les vedettes du show business ne leur donnaient pas autant de "matériel" à photographier ou à filmer, et s'il n'y avait pas autant de diffuseurs pour nous les mettre sous le nez, par le moyen des médias, de nos ordinateurs portables, de nos téléphones ou de nos tablettes, nous n'en serions pas là.  Une Britney Spears sans sous-vêtements, et portant une mini-jupe, doit être au courant que lorsqu'elle ouvre les jambes pour sortir d'une voiture, elle risque de voir le résultat sur les écrans de télé ou dans les pages des journaux, puisqu'il y a toujours des photographes qui la suivent ou l'attendent un peu partout.  Quant à elle, la très peu pudique Rihanna déclare sans ambages qu'elle est souvent nue comme un vers, quand elle est chez elle, et que les gens qui sont en charge de l'entretien de sa maison l'ont tous vue en costume d'Ève au moins une demi-douzaine de fois.  Ça ne la dérange pas du tout.  L'intimité est une notion élastique pour certaines célébrités, qui, de toutes façons, disent souvent appartenir à leurs fans ou à leur public.  



Par contre, quelques-unes des stars se disant victimes de ce scandale menacent d'intenter des poursuites judiciaires contre tout individu qui possédera ces photos compromettantes et les publiera sur internet ou ailleurs.  L'affriolante top modèle Kate Upton (photo + lire mon billet à son sujet, sur mon site STARS ON BEACH, dont le lien apparaît ici, dans la marge de droite) fait partie du lot.  Pourtant, cette jeune femme aux formes voluptueuses s'est elle aussi fait croquer le portrait alors qu'elle n'avait que sa peau sur le dos.  Ou qu'elle était à quelques centimètres de dévoiler le "principal", comme disait ma mère.  On ne peut oublier ses illustrations coquines dans l'édition "Swimsuit" du magazine SPORTS ILLUSTRATED.  Mais pour Kate, comme pour bien d'autres artistes, ces photos osées là, ça ne compte pas, parce que c'est...de "l'ART" !  Que ce soit de l'art ou de la pornographie, ça provoque à peu près le même effet sur les gens qui les regardent.  Un réflexe sexuel chez les hommes; et une jalousie plus ou moins grande chez les femmes !

Cette nudité, ou cette quasi-nudité, est aussi présente dans les vidéos des grands succès des chanteuses qui occupent la tête des palmarès.  Que ce soit dans ces mini-films, sur les plateaux de télévision, dans des galas, ou sur scène, en spectacle, on dirait que ces vedettes sont en compétition entre elles, pour être couronnées la star des stars, celle qui est la plus sexy au monde.  Même lorsqu'elles gardent de petites pièces de vêtement sur leur corps, les danses et les mouvements  qu'elles exécutent, ou les poses suggestives qu'elles prennent, ont souvent une forte connotation sexuelle.  Plus forte, sans doute, que les photos de nu qu'elles se sont fait voler...  Parlez-en à Miley Cyrus (sa vidéo de la chanson Wrecking Ball -photo ci-dessous- ou son comportement scandaleux lors d'un gala d'artistes, l'an passé).  Lady Gaga ne donne pas sa place non plus, dans le domaine de la provocation et du sensationnalisme.  Madonna avait tracé la voie bien avant elles.


Mais revenons à notre sujet initial, le vol des photos de nu de plusieurs célébrités féminines.  On peut questionner le "pourquoi" de ces clichés révélateurs.  Ces vedettes s'en servent-elles pour attiser le désir de leur amoureux ?  Veulent-elles prouver qu'elles sont plus belles que des concurrentes du show business ?  Est-ce pour assouvir leur exhibitionnisme ou leur narcissisme, ou se prouver à elles-mêmes qu'elles paraissent bien ?  Chose certaine, elles auraient dû savoir que ce genre de photos risque de se retrouver sur le WEB, soit à cause de pirates informatiques habiles, ou par la faute d'anciens amis de coeur qui veulent se venger d'avoir été plaqués par ces starlettes...  Du reste, de nos jours, tout le monde, ou presque, en occident, possède un téléphone capable de photographier ou de filmer n'importe qui, n'importe quoi, n'importe quand, n'importe où.




Le cas des artistes et de leurs "ex" qui se vengent après leur rupture amoureuse ou leur divorce, ressemble pas mal à celui de ces milliers d'adolescentes, un peu partout dans le monde, qui ont transmis électroniquement à leur "chum", des photos ou des vidéos d'elles, les montrant nues.  Quand les inévitables ruptures surviennent, elles voient parfois ces images embarrassantes se retrouver sur le NET.  Certaines filles en sont tellement marquées qu'elles sombrent dans des dépressions profondes, ou se suicident, comme ce fut le cas, il n'y a pas très longtemps, d'une pauvre victime, dans les provinces maritimes du Canada.  Il s'agit probablement de la conséquence la plus grave de toute cette hyper-sexualisation qui indique que quelque chose cloche dans nos sociétés "branchées".

On rapportait hier, dans les journaux, que le nombre d'adolescentes anorexiques montent en flèche au Québec (+ 44% depuis 2008) et au Canada (+ 46% depuis 2006).  Esclaves de l'image de l'idéal physique chez la gent féminine, le classique triptyque "jeunesse-fermeté-minceur"-, qui est incarné par leurs "géniales" vedettes sexy de la chanson ou de la télé, ces filles, entre 12 et 20 ans, se ramassent à l'hôpital parce qu'elles sont obsédées par leur poids.  Pour qu'elles soient hospitalisées, leur cas doit être sérieux : amaigrissement extrême, tension artérielle très basse, taux de potassium à plat, rythme cardiaque anormal, détresse psychologique ayant parfois conduit jusqu'à des tentatives de suicide.  Parmi ces malades, on compte 10% de garçons, qui souffrent parfois davantage psychologiquement parce qu'ils disent avoir honte d'être affectés par une maladie de "filles" !  Mais ces cas extrêmes ne constituent que la pointe de l'iceberg de ce problème dangereux.  Combien d'autres jeunes souffrent en silence, à cause des mêmes raisons, sans être rendus au point d'être hospitalisés ?


RIHANNA
Quelles sont les causes de cette vague d'anorexie chez les ados ?  Les médecins en identifient trois catégories : celles liées à la génétique, celles dépendant de l'environnement et celles dites de la "contagiosité des images".  On suspecte aussi les programmes contre l'obésité, que l'on a instaurés dans les cours d'éducation physique à l'école.  On y fait un suivi régulier des mensurations et du poids des élèves.  Pour certains ou certaines d'entre eux, l'objectif d'arriver à un poids santé, ou de le maintenir à tout prix, deviendrait une obsession et les inciterait à ne pas se nourrir suffisamment.  Les parents ont-ils une responsabilité là-dedans ?  Peut-être.  Mais même les meilleurs parents au monde pourront devenir impuissants à régler des problèmes de cette nature.  À l'adolescence, les jeunes sont souvent plus influencés par ce que pense leurs ami(e)s que par les conseils de leurs parents.  Ces derniers peuvent être fréquemment absents, pas assez disponibles, ou pas suffisamment à l'écoute de leurs ados, surtout dans les foyers mono-parentaux.   

Avant, les jeunes filles pouvaient être complexés par les images de femmes idéales qu'elles voyaient, par exemple, dans des revues de mode, ou dans les petits magazines à potins relatant la vie de leurs artistes préférés.  Maintenant, avec tous les nouveaux gadgets électroniques et la tonne d'informations continues diffusée par des médias de plus en plus agressifs, elles subissent un véritable bombardement de ces images qui finissent par les tourmenter.  Il y en a énormément aussi dans la publicité.  Bien que, en ce qui concerne cette dernière source d'images stéréotypées, les publicistes ont tellement été au bout des images "osées" et provocantes, que leur effet pour retenir l'attention des consommateurs commence à diminuer considérablement.  À force de voir d'immenses annonces ou panneaux publicitaires un peu partout, comme, par exemple, ces réclames montrant dans des métros, des vedettes féminines nues, pour le compte de PETA -organisation qui milite pour le bon traitement des animaux-, les gens, blasées, finissent par passer devant, sans les regarder.  Il s'agit d'une sorte d'écoeurement, résultant de la multiplication abusive de ce genre de truc pour les inciter à acheter un produit ou à "embarquer" dans un mouvement.  Dans la course folle que leur impose la vie de tous les jours, les consommateurs sont tellement sollicités par n'importe qui ou n'importe quoi, qu'ils doivent laisser passer des chose et se concentrer sur l'essentiel, même si ils vivent bel et bien dans une société de consommation rapide, et qu'ils n'y échappent pas. 




Mais il n'y a pas seulement les adolescentes qui font une maladie de ne pas ressembler assez à leur idole (comme Marie Mai, photo ci-dessus).  Des femmes de tous les âges sont insatisfaites, voire malheureuses, de leur apparence physique.  Selon un sondage récent, 52% des Françaises n'aiment pas leur corps, et le tiers d'entre elles préfèrent faire l'amour dans le noir pour cette raison.  Comme pour les ados, c'est le même triptyque "jeunesse-fermeté-minceur" qui les hante.  Elles n'acceptent pas leur surplus de poids, leur chair qui devient flasque et les marques du temps sur leur peau.  C'est pourquoi elles consultent de plus en plus fréquemment des psychologues, des spécialistes de la santé mentale, qui sont maintenant habitués de les voir arriver dans leur cabinet, en pleurs, et malheureuses comme les pierres du chemin.  Chez elles, certaines de ces femmes complexées ont même enlevé les miroirs trop grands dans lesquels elles pouvaient apercevoir leur poitrine marquées par les affres du vieillissement ou l'allaitement de leurs enfants.  Elles ne supportaient plus de voir leur image s'y refléter.  Parfois, elles sont peinées et en crise parce qu'elles ont surpris leur conjoint en train de regarder de la pornographie sur le WEB.  Elles se sentent alors dévalorisées et rejetées, en pensant que leur compagnon de vie fantasme sur des stars du porno pour compenser le fait que elle, leur conjointe, n'est plus assez belle ou désirable pour les exciter sexuellement.

Que faire face à cette détresse ?  Certaines malades vont recourir à la chirurgie plastique pour améliorer leur physique.  D'autres vont suivre des thérapies pour essayer d'apprendre à s'accepter comme elles sont.  C'est-à-dire imparfaites, ou pas semblables à Catherine Deneuve à ses plus beaux jours, comme elle le désireraient tant. Comme pour les jeunes anorexiques, ce processus de guérison est long et ardu.  Quand il n'échoue pas.

En marges de ces considérations, des audiences ont lieu présentement devant le CRTC (Conseil Canadien de la Radio et de la Télédiffusion) pour étudier la possibilité d'imposer des règles plus sévères à l'industrie de la vidéo en ligne.  Les Canadiens forment le peuple qui est le plus actif au monde sur l'Internet (1er pour le nombre de pages visitées, 2e après les américains pour le temps passé en ligne, 2e après les Britanniques en ce qui a trait au nombre de visionnements de vidéos en ligne).  Ils sont donc beaucoup exposés au genre d'images qui risquent de nuire à leur santé, autant physique que mentale.  Quels sont les sites qui sont de loin les plus nombreux sur le NET ?  Les sites de pornographie, évidemment.  En plus de développer une dépendance à ce genre d'images et aux "activités" qu'elles peuvent entraîner, ces "voyeurs" en viennent à négliger ou à se désintéresser de leurs proches, comme les drogués ou les alcooliques.  Comme se plaisent souvent à le répéter les femmes, le cerveau de ces hommes ne répond plus, ou bien il se loge au niveau de leurs organes génitaux...  Et ce vieux problème est de taille.  Il sera difficile à régler.  Même qu'avec la croissance constante et rapide de l'industrie du nu, avec la participation ou la complicité indirecte des gens de la colonie artistique, le mal continuera à grandir...



LADY  GAGA
Un membre de ma famille, chauffeur d'autobus scolaire, me racontait, il y a une douzaine d'année, que les pré-adolescents qu'il transportait à l'école, parlaient ouvertement de sexualité entre eux.  Cet homme d'âge mûr, se rappelait que dans son jeune temps, ce sujet était complètement tabou.  Maintenant, les cheveux lui dressaient sur la tête en entendant ces garçonnets demander aux fillettes quel prix elles demandaient pour une "pipe".  Cinq dollars ?  Dix dollars ?  «Seigneur,» se disait-il en lui-même, «où est-ce qu'on s'en va» ?  Une question à plusieurs millions de dollars...  C'est la même question que posait mon père à son médecin, lorsqu'il allait à ses rendez-vous périodiques, à la clinique du voisinage.  Inquiet au sujet de la pollution, de l'immoralité, de la violence, des guerres, du stress, des relations difficiles entre les générations, il affirmait souvent que le monde -les gens- allait s'auto-détruire en abusant de tout, en ne respectant rien, en s'abaissant au niveau des animaux, en oubliant que c'est en maintenant un sage équilibre entre toutes choses que l'on peut arriver à bien faire tourner la planète.  Son toubib, rationnel, avec un esprit scientifique, tentait de le rassurer en lui répondant que tout au long de sa longue Histoire, l'Homme s'était adapté à son environnement et à toutes sortes de situations, pour continuer de progresser.


Qui avait raison ?  Qui vivra verra...  Qui sait ?  Les perceptions et les perspectives changent.  Cette semaine, assistant au Festival du Film de Toronto, l'actrice Reese Witherspoon (photo ci-dessus) déambulait sur un trottoir, en bordure d'une rue de la ville, quand le vent a soulevé sa robe légère, en laissant découvrir son postérieur nu.  Bien sûr, quelqu'un a photographié la scène et ça s'est retrouvé dans les médias.  Mais je serais curieux de savoir, si on faisait un sondage auprès des gens qui ont vu ces photos, combien de personnes les jugent choquantes, drôles ou inintéressantes.  J'imagine que les résultats varieraient selon le sexe, l'âge et l'éducation des répondants.  La principale intéressée, elle, n'a pas semblé troublée par l'incident.

Mon père, qui était très religieux et qui avait été élevé en apprenant par coeur le "petit catéchisme" (coutume obligatoire à son époque), s'offusquait de voir de la nudité à la télé.  Même chose quand une "créature", -comme il appelait les femmes-, portait un robe ou un gilet trop décolleté...selon lui.  Ma mère disait alors : «du calme, du calme; ce n'est que de la peau et des morceaux de chair.  Pauvres hommes», ajoutait-elle, sur un ton mi-figue mi-raisin, «c'est donc bien vrai que "ça" (leur sexe) meurt seulement trois jours après qu'ils ont rendu l'âme.»  Des paroles et, surtout, une façon de les prononcer, qui me faisaient bien rire mais qui choquaient encore plus mon paternel !  Dans certaines sociétés, comme en Scandinavie, la nudité est plus acceptée ou tolérée, par exemple dans les bains publics ou sur les plages.  En fait, c'est à l'époque de la reine Victoria que des règlements pour proscrire la nudité en public ont été promulgués.  Des études et des recherches ont même établi que dans les sociétés où la pornographie est plus accessible, il y a moins de crimes sexuels.

Il n'en demeure pas moins que les meilleures sociétés sont celles qui prennent le mieux soin de leurs êtres humains les plus fragiles : les aînées et les enfants.  Que ce soit par de la prévention à l'école, par un meilleur encadrement de la part des parents, ou par tout autre moyen pertinent, il faut essayer d'empêcher des adolescentes désorientées, qui se cherchent en traversant une période de leur vie associée habituellement à une crise ou à la révolte contre toute forme d'autorité, de perdre la santé et de songer au suicide parce qu'elles n'arrivent pas à ressembler à leurs idoles Marie Mai ou Ariana Grande...