lundi 1 mars 2010

GAÉTAN BOUCHER : LE HÉROS OUBLIÉ...


Au moment où les Canadiens sont en liesse et célèbrent avec raison les succès formidables de leurs athlètes aux Jeux Olympiques de Vancouver, le plus grand héros canadien de l'histoire des J.O. d'hiver est oublié dans son coin, triste, amer, fâché. Cet immense champion, qui fut le seul à sauver l'honneur du Canada aux temps où les athlètes du pays ne gagnaient pratiquement aucune médaille, a été ignoré, écarté des hommages et des honneurs, c'est Gaétan Boucher. Les organisateurs des Jeux de Vancouver ne l'ont pas invité à prendre la place qui lui revenait à la tribune d'honneur des cérémonies ou pour allumer la flamme olympique.

Personne ne méritait mieux ce geste de reconnaissance que ce splendide patineur de Québec (Charlesbourg) qui a été l'inspiration de tant d'athlètes qui ont commencé à gagner aux J.O. à partir de 1994. N'ayons pas peur des mots, oublier ainsi Gaétan, c'est un scandale, une injustice flagrante, une ingratitude honteuse, impardonnable. Oui, Gaétan peut bien être blessé et se sentir trahi. Ce n'est pas qu'il recherche les projecteurs et les feux de la rampe. Il est très humble. Peut-être trop d'ailleurs... Mais il aurait voulu qu'on se souvienne de ses réalisations, de ses efforts herculéens, de ses souffrances lors des entraînements, de sa cheville fracturée en 1983, des sacrifices énormes qu'il s'est imposés pour représenter son pays sur des scènes internationales parfois hostiles.


Aux Jeux de 1980 et de 1984, Boucher a remporté quatre des six médailles olympiques du Canada ! Et il a été un des meilleurs de son pays aux Jeux de 1976 et de 1988. Frêle, maigre, timide mais entêté, il était champion canadien à 14 ans ! Champion du monde à 19 ans ! Détenteur du record mondial au 1 000 mètres à 22 ans. Pratiquement seul, sans grands moyens, ni super entraîneurs. Champion, seul contre des compétiteurs étrangers jouissant de mille avantages par rapport à lui. Une lutte inégale, déloyale, folle, de laquelle il est sorti gagnant contre toute attente, contre toute logique. Sans drogue, proprement, avec fair play... Simplement héroïque ! En son temps, quels exploits aurait-il pu accomplir avec les millions de dollars donnés à ceux qui viennent de se couvrir de gloire en patinant dans le chemin qu'il a tracé pour eux ? Dans une grande majorité de pays, il serait presque vénéré. Ici, il a été mis de côté...

D'accord, Gaétan Boucher a été fêté et il a eu sa part de récompenses : des titres d'athlète de l'année, des lieux ou bâtiments qui portent son nom, des médailles du gouverneur général ou de l'Assemblée nationale du Québec. Mais c'est au retour vibrant des Jeux Olympiques dans son pays, à Vancouver, qu'il aurait aimé être simplement salué. Porter la flamme olympique dans le grand stade, être avec les athlètes, dans un monde qu'il a tant aimé et qu'il adore toujours. Être reconnu par les siens, maintenant détenteurs du record pour le plus grand nombre de médailles d'or (14) dans l'histoire des J.O. d'hiver. Lui, le pionnier solitaire, qui a physiquement payé le prix pour devenir champion, de peine et de misère, sans beaucoup de soutien, et sans l'adulation actuelle réservée aujourd'hui à ceux qui récoltent ce qu'il a semé... Il peut bien avoir le coeur serré. On l'aurait brisé à moins...

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